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pensées de blaise pascal.
CHAPITRE II.
Etude positive de l’homme.
Grandeur et bassesse de l’homme considéré en lui-même, et dans ses relations avec le monde et avec Dieu. Incompréhensibilité de sa nature, telle qu’elle est actuellement. Conséquences tirées de là.

SECTION I.
L’HOMME INDIVIDUEL.
L’homme considéré au dehors de lui-même, et ensuite au dedans, est un mélange extraordinaire de grandeur et de bassesse.

ARTICLE I.
Comparaison de l’homme avec l’animal, avec la nature, avec Dieu.

I. — Préface de la première partie[1]. — Parler de ceux qui ont traité de la connaissance de soi-même, des divisions de Charron[2], qui attristent et ennuient, de la confusion de Montaigne[3] ; qu’il avait bien senti le défaut d’une droite méthode, qu’il l’évitait en sautant de sujet en sujet, qu’il cherchait le bon air. Le sot projet qu’il a de se peindre ! et cela non pas en passant et contre ses maximes, comme il arrive à tout le monde de faillir ; mais par ses propres maximes, et par un dessein

  1. De la 1re partie de l’Apoloqie de la religion chrétienne. Cette première partie eût été le développement du présent chapitre II.
  2. Dans son livre de la Sagesse.
  3. Pascal observe justement que Montaigne dans les Essais avait bien senti que son ouvrage manquait d’une méthode droite et ferme. Il le blâme si fortement ici qu’on s’étonne qu’il lui ait accordé tant de confiance ailleurs.