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chapitre premier.

étaient donc sans règle[1]. Si le consentement général : si les hommes étaient péris[2] ?

Fausse humilité, orgueil. Levez le rideau[3].

Vous avez beau faire ; si faut-il[4] ou croire, ou nier, ou douter. N’aurons-nous donc pas de règle ? Nous jugeons des animaux qu’ils font bien ce qu’ils font : n’y aura-t-il point une règle pour juger des hommes ? Nier, croire, et douter bien[5], sont à l’homme ce que le courir est au cheval.

Punition de ceux qui pèchent, erreur.

VIII. — Soumission. — Il faut savoir douter où il faut, assurer où il faut, et se soumettre où il faut[6]. Oui ne fait ainsi n’entend pas la force de la raison. Il y en a qui faillent contre ces trois principes, ou en assurant tout comme démonstratif, manque de connaître en démonstration ; ou en doutant de tout, manque de savoir où il faut se soumettre ; ou en se soumettant en tout, manque de savoir où il faut juger.

IX. — La foi dit bien ce que les sens ne disent pas, mais non pas le contraire de ce qu’ils voient. Elle est au-dessus et non pas contre.

X. — Contradiction[7] est une mauvaise marque de vérité.

Plusieurs choses certaines sont contredites, plusieurs fausses passent sans contradiction : ni la contradiction n’est marque de fausseté, ni l’incontradiction n’est marque de vérité.

XI. — Ceux qui n’aiment pas la vérité prennent le prétexte de la contestation de la multitude de ceux qui la nient. Et ainsi leur erreur ne vient que de ce qu’ils n’aiment pas la vérité ou la charité[8] ; et ainsi ils ne sont pas excusés.

XII. — Deux sortes de gens égalent les choses[9], comme les fêtes aux jours ouvriers, les chrétiens aux prêtres, tous les péchés entre eux, etc. Et de là les uns concluent que ce qui est

  1. Au-dessus de l’antiquité, il y a toujours eu l’autorité, en matière de foi ; et l’évidence, en matière de raison.
  2. Le consentement général est une bonne règle de créance, qui ne périrait pas quand même le monde entier périrait : car il serait toujours vrai qu’elle représentait la vérité. Mais c’est une règle secondaire.
  3. Le rideau de cette fausse humilité qui se prétend incapable d’aborder la grande question de la religion.
  4. Encore faut-il.
  5. Nier à propos, croire à propos, douter à propos, serait en effet la sagesse de l’homme, comme bien courir la perfection du cheval.
  6. Autre rédaction abandonnée par Pascal : « Il faut avoir ces trois qualités, pyrrhonien, géomètre, chrétien soumis ; et elles s’accordent et se tempèrent, en doutant où il faut, en assurant où il faut, en se soumettant où il faut. » Hélas ! pourquoi Pascal n’a-t-il pas bien connu ce triple « où il faut » ?
  7. L’opposition faite à une doctrine par l’opinion publique.
  8. S’ils aimaient la vérité, ils ne s’arrêteraient pas devant les négations qu’on lui oppose ; s’ils aimaient la charité, ils blâmeraient les contestations, et n’en feraient pas le prétexte de leur incrédulité.
  9. Les mettent au même rang.