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III.
TRADUCTION DE
L’ÉPITAPHE DE PASCAL
composée en latin par Florin Périer.

Sous ce marbre repose Blaise Pascal, de Clermont, fils d’Étienne Pascal président en la cour suprême des aides d’Auvergne, lequel, après quelques années passées dans une sévère retraite et dans la méditation de la loi divine, mourut heureusement et religieusement dans la paix du Christ, le 19 août 1662, à l’âge de 39 ans. Dans son amour de la pauvreté et de l’humilité, il eût sans doute désiré ne pas même recevoir ces honneurs du tombeau, et rester caché jusque dans la mort après avoir toujours voulu l’être dans sa vie. Mais ne pouvant en cela céder à ses vœux, Florin Périer, conseiller en la même cour des aides, époux très aimant de Gilberte Pascal sœur de Blaise Pascal, a placé cette table de marbre afin de témoigner sa piété envers lui, et afin de se recommander avec lui aux pieux souvenirs et aux chrétiennes prières des fidèles.

IV.
ÉPITAPHE DE PASCAL
composée par A. P. C. D.

D. O. M. — Ici repose Blaise Pascal, noble écuyer, mort le 14 des calendes de septembre en l’année 1662, à l’âge de 39 ans et 2 mois. — Si la piété est immortelle, Pascal vivra à jamais. Il a préféré le célibat au mariage, il s’est sanctifié par la religion et illustré par la vertu. Il fut célèbre par sa science, doué d’un génie pénétrant, aussi noble de cœur que de race, docte quoique non docteur, ami de l’équité, défenseur de la vérité, vengeur des vierges sacrées, ennemi très redoutable des corrupteurs de la morale chrétienne. Les rhéteurs aiment son éloquence, les écrivains vantent son élégance, les mathématiciens s’étonnent de sa profondeur, les philosophes s’attachent à sa sagesse, les docteurs louent sa théologie, les âmes pieuses vénèrent son austérité, le monde entier admire cet homme qui voulait être inconnu de tous quoique il fut connu de tous. Quoi de plus ? Voyageur, sache que le Pascal inhumé ici était le fameux Mouis de Montalte. Hélas ! j’en ai dit assez, mes larmes éclatent, je me tais. Pascal est mort, hélas ! hélas ! quel deuil ! — Pierre posée avec tristesse par A. P. D. C. canoniste[1] orléanais[2].

  1. Ou plutôt chanoine.
  2. Inutile de faire observer l’inspiration toute janséniste de cette épitaphe qui, malgré ses coupables insinuations contre l’Église, honore cependant la mémoire de Pascal.