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POUR LES CURÉS DE PARIS.


ad pretium, sicut est in commutatione temporalium ad invicem, reddit hominem propriè simoniacum. »

L'apologiste, pour montrer, par l’autorité de Gerson, que toute simonie enferme cette pensée d’égaler les choses spirituelles, rapporte ces dernières paroles de Gerson, et dissimule les précédentes, dans lesquelles Gerson reconnoît une vraie espèce de simonie devant Dieu, qui n’enferme point cette pensée d'égalité. Peut-on abuser plus hardiment de la crédulité du monde ? Car la question n’est pas entre les jésuites et nous, si celui qui donneroit de l’argent pour un bénéfice, avec cette pensée d’égaler l’argent au bénéfice, seroit véritablement simoniaque. Personne n’en a jamais douté. Mais il est question, si cette réflexion et cette formalité d’égalité et de prix est nécessaire, et si l’on peut être simoniaque sans cela. C’est ce qu’ils prétendent faire dire a Gerson. Et c’est néanmoins ce que Gerson désavoue formellement, en reconnoissant dans une proposition expresse une autre espèce de simonie, qui n’enferme point cette égalité ni cette formalité de prix. Ce qu’il ajoute ensuite est encore plus net et plus formel : car il distingue quatre sortes de vue d’esprit : « Resolvendo, dit-il, materiam de simonia, possumus iuveniré distinctionem quadruplicem de intuitu vel respectu commodi temporalis pro spirituali. Potest enim intuitus ferri ad temporale commodum, primo tanquam ad pretium rei spiritualis, quasi sit adæquatio valoris unius rei alteram, sicut inest in emptione et venditione civilibus. » Voila l'unique espèce de simnonie que les jésuites reconnoissent. « Potest 2°, ferri intuitus ad commodum temporale, tanquam ad motivum principale dandi splritualia, vel ad finem ultimum in quo consistit intuitus spirituale conferentis. Voilà ce qu’ils prétendent ne point être simonie. « Potest 3°, ferri intuitus commodî temporalis tanquam ad motivum minus principale, vel ad linem subordinatum sub ultim fine. Potest 4°, ferri intuitus commodi temporalis, tanquam ad rem debitam jure divino pro sustentatione illius qui spiritualia administrat. » Voilà les cas que Gerson propose et voici ses décisions sur ces cas : « Tunc ad propositum dicimus quod primus intuitus et secondus sunt vere simoniaci de jure divino et humano. » C’est-à-dire que c'est une simonie de droit divin et humain, non-seulement de regarder les choses temporelles comme prix des spirituelles, mais aussi de les regarder comme le principal motif qui porte à conférer les spirituelles. Mais pour le troisième et quatrième regard, Gerson déclare qu’ils ne sont pas simoniaques, pourvu qu’on observe ce que l’apôtre ordonne par ces paroles : « ab omni specie mala abstinete vos. »

Ainsi on ne peut condamner plus expressément les jésuites, que Gerson les condamne en ce traité ; et on ne peut abuser avec plus de mauvaise foi de ce traité de Gerson, que les jésuites en abusent.

VI. Le même Gerson faussement allégué sur la matière de l'usure.

Il est difficile de trouver une plus manifeste palliation d’usure, que l'invention que les jésuites autorisent dans l'Apologie et dans leur Fac-