Page:Pascal - Oeuvres complètes, II.djvu/131

Cette page n’a pas encore été corrigée
131
POUR LES CURÉS DE PARIS.


resses ; et nous serons insensibles à leurs injures et à leurs douceurs. Nous présenterons toujours un même visage à tous les visages différends, et nous n’opposerons à la duplicité des enfans du siècle que la simplicité des enfans de l’Évangile.

Paris, 1er avril 1658.


__________________________


TROISIÈME ET QUATRIÈME FACTUM [1]

Des curés de Paris où ils font voir que tout ce que les jésuites ont allégué des saints Pères et docteurs de l’Église pour autoriser leurs pernicieuses maximes, est absolument faux et contraire à la doctrine de ces saints, et que les nouveaux casuistes n’ont aucune autorité dans l’Église.

Les moyens que les jésuites emploient pour défendre leur méchante morale dans les écrits qu’ils viennent de publier, consistent principalement en deux choses : l’une, à citer une foule d’auteurs de leur Société, ou quelques autres nouveaux casuistes aussi corrompus qu’eux, auxquels ils veulent donner une autorité souveraine dans l’Église ; l’autre, à alléguer faussement les saints Pères et les docteurs de l’Église, comme étant de leurs sentimens. Ainsi ils font deux injures signalées à l’Église : la première, de donner pour la règle des fidèles, des auteurs pernicieux, qui doivent être l’horreur des fidèles ; la seconde, d’oser, par des impostures horribles, appuyer leurs sentimens par les saints que Dieu a suscités pour avoir une véritable autorité dans l’Église, qui sont aussi éloignés de ces corruptions que le ciel l'est de la terre. Nous avons donc été obligés de détruire ces deux prétentions, et de séparer cet écrit en deux parties. Dans la première, nous ferons voir que de toutes les citations qu’ils ont faites des saints docteurs de l’Église pour autoriser leurs prétentions, il n’y en a pas une qui ne soit fausse, et que ces saints ont enseigné si formellement le contraire, qu’on s’étonnera de la hardiesse avec laquelle ils osent ainsi leur imposer : et nous ferons voir, dans la seconde, combien il est ridicule de prétendre que leurs nouveaux casuistes doivent servir de règle pour la décision de leurs propres sentimens.

PREMIÈRE PARTIE. — I. Saint Thomas faussement allégué sur les occasions prochaines.

Le premier des saints docteurs de l’Église qu’ils citent est saint Thomas qu’ils rapportent pour autoriser la doctrine de l'Apologie des casuistes sur les occasions prochaines, contre laquelle nous nous sommes élevés, comme contre une doctrine capable d’entretenir tous les pé-

  1. Les deux partie qui composent ce factum ont été publiées séparément : la première avec le titre de Troisième factum, et la seconde avec le titre de Quatrième factum.