En terre, vers ce tronc, qu’il tenoit embraſſé :
Après l’avoir long-temps arrouſé de ſes larmes,
Sa douleur l’a contraint à prendre d’autres armes.
Ie me ſuis approché connoiſſant ſon deſſein,
En ſaiſiſſant le fer qu’il portoit dans ſon ſein :
Il a fait ſes efforts pour me le faire rendre,
Mais i’ay ſceu contre luy doucement me deffendre :
Ayant caché ce fer, i’ay fait tout mon pouuoir
Pour taſcher d’arreſter son cruel deſeſpoir :
Et ie le prie en vain, la fureur le transporte,
Rien ne peut l’adoucir, à tout coup il s’emporte,
Ie l’ay quitté pourtant, en l’ayant deſarmé
De ce fer, qui pour luy m’auoit tant allarmé :
Il m’apelle meſchant, cruel, impitoyable,
De vouloir prolonger ſon deſtin miſerable :
Dans ce torrent de maux ie le laiſſe crier,
Malgré tous ſes tourmens, il a beau me prier,
Ie l’ay laiſſé tout ſeul dans ces dures atteintes,
Qui faiſoient retentir la foreſt de ſes plaintes :
Sçachant le deſeſpoir où ſe porte l’amour,
Ie l’ay voulu reuoir dans ce triſte ſejour :
Mais qu’ay ie veu, bons Dieux ! au lieu du perſonnage,
I’ay veu touchant le Myrthe vn Olivier ſauuage :
Apres tant de langueurs ſes voeux ſont exaucez,
Il a tarit ſes pleurs, ſes tourmens ſont paſſez :
Ces rameaux vont ioignant ceux la de ſon amante,
Qui peut faire iuger combien elle eſt contente
De voir ce cher Berger.
Trop heureux Hermodan, pouvois tu iamais mieux
Te rencontrer ?