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ACTE II.

Et ſçachons depuis quand il eſt icy venu.
Avançons… Mais bons Dieux ! ie connois ce viſage,
D’où peut eſtre ſorty ce diuin perſonnage ?
Ha ! Diane, il eſt vray que ie le vis vn iour,
Et malgré mes efforts i’eu pour luy de l’amour :
Mais depuis quelque mois que ie m’en vois abſente,
Iay taſché de bannir cette idée charmante.
Enfin ie m’y forçay quand ie ne le vis plus,
Et que tous mes ſoupirs ſe trouvoient ſuperflus.
Ie me remis enfin deſſous la loy premiere,
Et cependant mon cœur bruſloit pour la derniere.

Endymion ouurant les yeux, considere Sthenobée qui le prie de luy couper vn petit raineau du Myrthe.

Toy, que les Dieux peut-eſtre ont fait venir icy,
Parmy ces bois ſacrez pour m’oſter de ſoucy,
Coupe moy de ce myrthe vne petite branche ;
Et ie te vay donner auſſi toſt en reuanche
Ce cœur tant deſiré, tant de fois pourchassé,
Que iamais à nul homme on ne viſt attaché :
A moins que tu ne sois d’un naturel barbare.

ENDYMION ſe leuant tire ſon eſpée pour luy couper la branche.

Qui te refuſeroit, beauté charmante & rare,
Vn ſervice plus grand ?

STHENOBE’E.

Vn ſervice plus grand ? Attends encor vn peu ;
Car ſi l’an me venoit ſurprendre dans ce lieu,
Ainſi seule auec toy, l’on en pourroit médire ;
Fais donc en me ſeruant tout ce que ie deſire.

ENDYMION.

Ouy, diuine beauté, tu peux me commander.