L’honneur dont ie ioüis ſurpaſſe toutes choſes,
Ie ne vois que des feux, que des lys & des roſes :
Deeſſe, ie ne puis ny deſirer plus rien ;
Puiſque iamais plaiſir ne fut eſgal au mien,
Beau miracle des Cieux, que faut il que i’eſpere,
Apres ce que ie vois ? ie ſerois temeraire
De demander encor :
Tu peux tout obtenir.
Où ie ſuis maintenant, Deeſſe incomparable,
Ie te demanderois ce bon-heur deſirable :
De contempler ſans fin les beautez que ie vois,
Si tu ne me punis dant cét aveugle chois.
Pourrois tu bien ſouffrir dans la longueur extreme,
Ce que dans vn moment t’a mis hors de toy meſme ?
Et quand bien tu ſerois au rang des premiers Dieux,
Tu ne me verrois pas demy iour dans les Cieux :
Taſches donc de chercher quelque iuſte demande.
Il me faut obeyr, Diane le commande,
Deeſſe, ta bonté me veut donc obliger,
A faire vne demande, où ie n’oſe ſonger,
Mais enfin il faudra que ie prenne l’audace,
De t’oſer demander quelque petite place,
Prés des Aſtres qui ſont les plus proches de toy,
Ou ſi ce divin rang eſt trop rare pour moy ;
Si c’eſt que les deſtins y faſſent reſiſtance,
Que ce ſoit prophaner leur divine influance,
Ou ſi c’eſt que le nombre en ſoit tout accomply ;