Page:Parny - Poésies érotiques, 1778.djvu/35

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


La bouche sourit mal quand les yeux sont en pleurs.
Repoussons loin de nous ce nectar inutile.
Et toi, tendre amitié, plaisir pur & divin,
Non, tu ne suffis plus à mon ame égarée.
Au cri des passions qui couvent dans mon sein,
En vain tu veux mêler ta voix douce et sacrée.
Tu gémis de mes maux qu’il falloit prévenir ;
Tu m’offres ton appui lorsque la chûte est faite,
Et tu sondes ma plaie au lieu de la guérir.
Va, ne m’apporte plus ta prudence inquiète ;
Laisse-moi m’étourdir sur la réalité ;
Laisse-moi m’enfoncer dans le sein des chimères,
Tout courbé sous les fers chanter la liberté,
Saisir avec transport des ombres passagères,
        Et parler de félicité,
        En versant des larmes amères.

            Ils viendront ces paisibles jours,
Ces momens du réveil, où la raison sévère