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Et toi, vain préjugé, phantôme de l’honneur,
Combien peu votre voix se fait entendre au cœur !
La nature aisément vous réduit au silence ;
Et vous vous dissipez au flambeau de l’amour
Comme un léger brouillard aux premiers feux du jour.

    Momens délicieux, où nos baisers de flâme,
Mollement égarés, se cherchent pour s’unir !
Où de douces fureurs s’emparant de notre ame
Laissent un libre cours au bizarre désir !
Momens plus enchanteurs, mais prompts à disparoître,
Où l’esprit échauffé, les sens, & tout notre être
Semblent se concentrer pour hâter le plaisir !
Vous portez avec vous trop de fougue et d’ivresse ;
Vous fatiguez mon cœur qui ne peut vous saisir,
Et vous fuyez sur-tout avec trop de vitesse ;
Hélas ! on vous regrette, avant de vous sentir !
Mais, non ; l’instant qui suit est bien plus doux encore.