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CHANT IV.

Qu’on pût aimer autre chose que Dieu.
J’étais sur-tout l’objet de ses prières ;
À tout moment son ange elle invoquait :
À lui donner des pensers salutaires,
Jamais aussi son ange ne manquait.
Soins superflus ! Un matin la bergère,
Voulant aux prés conduire ses moutons,
Voit qu’une eau pure a lavé leurs toisons,
Et s’aperçoit qu’une main étrangère
Dans son jardin n’a laissé rien à faire.
Son esprit cherche et ne peut concevoir
Quand et comment ce prodige rapide
S’est opéré. Ce fut bien pis le soir.
Pour tout festin prenant un pain fort noir,
Elle s’en va puiser l’onde limpide.
Elle revient ; sa table offre à ses yeux
Le lait durci, des fruits délicieux,
Un pain très-blanc, et le miel et la crême.
À cet aspect sa surprise est extrême.
D’abord timide elle craint d’approcher ;
Et sur les mets qu’elle n’ose toucher
Deux fois sa main de la croix fait le signe.