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CHANT III.

L’aimable vierge accoucha d’un garçon,
Et ce garçon, c’est Jésus-Christ lui-même.
« — Quoi ! notre Dieu ? — Notre Dieu. — Quel blasphème !
— Sa mère ici jouit d’un grand pouvoir.
Elle voulut auprès d’elle m’avoir,
Et se chargea d’arranger cette affaire.
J’y consentis, car je l’aime toujours.
On se permit quelques malins discours ;
Je rembarrai les plaisans du parterre,
Et de ma vierge un coup d’œil les fit taire.
— Quand je vivais, j’ai souvent entendu
De Jésus-Christ conter ainsi l’histoire.
De Bethléem ce bruit s’est répandu
Chez les païens ; mais j’étais loin d’y croire.
Il est ton fils ! Et moi, qui bonnement
Ai pour cet homme enduré le martyre !
Sur des tisons je me suis laissé cuire ;
Pour qui ? Pour un… — Ton zèle assurément
Fut excessif, et je t’en remercie.
— Dans votre ciel je ne resterai pas,
Non, sacredieux ! je vole de ce pas
Chez les païens : bon soir. — Autre folie !