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LA GUERRE DES DIEUX,

Moi, j’en riais ; sa taille rondelette
Ne pouvait plus tenir dans mes dix doigts.
Cet embonpoint me la rendait chère.
Le vieux mari, qui s’avisait à tort
D’être jaloux, exhala sa colère.
De l’assommer je fus tenté d’abord ;
Mais la pitié vint modérer ma bile.
Dans son grenier j’allai donc me cacher :
Là, vers minuit, sautant sur le plancher,
Par ce fracas j’éveillai l’imbécille,
Et je lui dis avec un porte-voix :
« Ton dieu te parle, écoute, misérable :
Ta femme est grosse, et ne fut point coupable ;
Respecte-la ; je le veux, tu le dois.
Point de soupçons, d’humeur, ni de querelle,
À son insçu j’ai fécondé son sein ;
Je bénirai l’enfant qui naîtra d’elle,
Fille ou garçon ; sur cet enfant divin
J’ai des projets : honore donc sa mère,
Fais bon ménage ou gare le tonnerre ! »
Cette menace effraya le barbon ;
Dès ce moment sa douceur fut extrême.