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CHANT III.

Quand le hasard, qui m’a servi toujours,
Me fit connaître une jeune grisette,
Brune, il est vrai, mais du reste parfaite ;
Son vieux mari, très-mauvais charpentier,
Ne gagnant rien, vivait dans la misère.
Je l’occupai, je doublai son salaire,
Et j’agrandis son chétif atelier.
Par mes bontés, sorti de l’indigence,
Il s’épuisait en longs remercîmens ;
Et sa moitié, sensible à ma constance,
M’en fit aussi : mais quelle différence !
Je m’y connais ; les siens furent charmans.
Je trouvai tout dans ma jeune maîtresse,
Beauté, fraîcheur, innocence et tendresse.
Sans soins, sans art, à mes sens étonnés,
Depuis long-tems muets pour les Phrynés,
Elle rendit la vie et la parole.
J’en eus besoin ; l’époux malignement
Avait laissé tout à faire à l’amant.
D’un tel malheur sans peine on se console.
Un accident, au bout de quelques mois,
Inquiéta notre vierge discrète ;