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LA GUERRE DES DIEUX,

Pour vingt mille ans me mit en purgatoire.
Là, de nouveau, chauffé, cuit, et recuit,
Mon corps chétif en charbon fut réduit.
L’argent peut tout : de charitables femmes
De tems en tems rachètent quelques ames
Du purgatoire, en payant grassement ;
Et ce trafic abrège mon tourment.
Juge, mon cher, si c’est avec délices
Que de la nuit je hume la fraîcheur.
As-tu connu ces horribles supplices ?
Es-tu martyr, ou simple confesseur ?
— Ni l’un ni l’autre. — Au moins la pénitence
De tes excès répara la licence ?
Tu fus dévot ? — Jamais, en vérité.
Pensant, vivant comme à mon ordinaire,
Pour être saint il m’en a peu coûté ;
Je n’ai rien fait, je me suis laissé faire.
— Explique-toi. — Lorsque Jérusalem
Ne m’offrit plus d’aventure nouvelle,
Je la quittai. Non loin de Bethléem,
Je possédais une terre assez belle.
Je complais seul y passer quelques jours ;