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CHANT III.

Je te croyais au fin fond des enfers.
Jérusalem a vu notre jeunesse
Narguer les lois, afficher la mollesse,
Et des Romains imiter les travers.
Les jeux bruyans, les belles courtisanes,
Les longs dîners, et les soupers profanes,
Du paradis ne sont pas le chemin.
Je me damnais, la vieillesse y mit ordre.
Privé de dents, je ne pouvais plus mordre :
De Jésus-Christ le système divin
Me plut alors (j’aime les paraboles) ;
Je l’adoptai, sans trop l’approfondir,
Et, sur mes pas craignant de revenir,
J’assommai vîte un prêtre des idoles.
Je fus brûlé tout vif, et bien martyr,
Je t’en réponds : Je soutins la gageure ;
Sans cris, sans pleurs, j’endurai la torture.
Sur des tisons cuisant à petit feu,
À mes bourreaux je faisais la grimace.
Mais quelquefois murmurant à voix basse,
Entre mes dents je disais : Sacredieu !
Et ce mot seul, qui ternissait ma gloire,