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CHANT III.

Gronde, pérore, et jurant à propos,
Tant bien que mal au combat les excite.
De son côté l’intrépide Apollon
À sur deux rangs formé son bataillon.
Du fourreau d’or sa lame était tirée.
« Qu’est-ce ? dit-il : ce maintien indécis,
Ces blanches mains, ces genoux arrondis,
Ces petits pas, cette marche serrée,
Annonceraient de faibles ennemis.
De ces guerriers l’allure est malheureuse.
Voyons pourtant, car la mine est trompeuse. »
Sur le plus proche il s’élance aussitôt,
Et pour frapper son bras nerveux se lève.
Notre héroïne, au seul aspect du glaive,
Pâle d’effroi, raisonne ainsi tout haut :
« Après le coup immanquable est ma chute ;
Pour abréger, je tombe avant le coup. »
Et sur l’arène une prompte culbute
Étend la belle. Apollon rit beaucoup ;
Mais remarquant sous la courte jaquette
De sa frayeur une excuse complète :
« L’avez-vous vu ? dit-il à ses soldats ;