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CHANT III.

Qui, babillant, se confiaient leurs craintes
Sur le combat livré par leurs amis.
De ce troupeau dédaignant la cohue,
Plus loin Judith se promène à l’écart.
La tête basse, elle marche au hasard,
Elle est rêveuse, et semble très-émue.
Aux demi-mots qu’elle laisse échapper,
À son regard, à son geste on soupçonne
Qu’un grand dessein occupe l’amazone,
Et qu’elle trouve une tête à couper.
Judith revient, et fortement s’écrie :
« Morbleu ! j’enrage ; au lieu de babiller,
Que n’allons-nous en silence étriller
De ces païens au moins une partie ?
Secondez-moi dans ce projet heureux ;
Que d’entre vous les plus braves se lèvent ;
Prenons en flanc ces brigands peu nombreux ;
Déjà battus, que nos bras les achèvent.
Sa tête haute et son air triomphant,
D’un poing fermé le geste renaissant,
Son autre main sur sa hanche placée,
Sa jambe droite avec grace avancée,