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CHANT III.

Impunément on n’attend pas Alcide.
De prime abord, au héros des Hébreux
De sa massue il porte un coup affreux.
Brave Samson, ton casque est mis en pièces ;
Ton crâne saint, frappé si rudement,
Est ébranlé sous ses croûtes épaisses ;
Ton large front s’incline forcément ;
Ton œil se trouble et voit mille étincelles ;
Sur tes grands pieds un moment tu chancelles ;
Un seul moment. « Ce n’est rien, ce n’est rien. »
Il dit ; ce mot fait rire le païen.
Ô du Très-Haut assistance imprévue !
De la mâchoire un coup miraculeux
En mille éclats a brisé la massue.
Le fier Samson relève un bras nerveux ;
Le fier Alcide au visage lui lance
Le court tronçon qui formait sa défense,
Et brusquement le saisit aux cheveux.
À cet aspect tous les chrétiens pâlissent,
Et leurs clameurs dans les airs retentissent :
« Maudit païen ! il va les arracher.
Laisserons-nous dans sa main furieuse