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LA GUERRE DES DIEUX,

Ils déclamaient contre l’humaine espèce ;
Quand tout-à-coup un nuage d’encens
De leur humeur adoucit la tristesse.
« Bon ! dit l’un d’eux, celui-là vient à nous ;
De sa vapeur d’avance je m’enivre.
Comme il est gros ! Amis, rassurez-vous ;
Pour quelque tems nous aurons de quoi vivre. »
À bien dîner à tort il s’attendait.
Quarante saints, qu’un ange commandait,
Au paradis convoyaient ce nuage.
Il s’approcha des Sylvains étonnés,
Et passa juste à deux doigts de leur nez.
Ce qui n’était qu’un simple badinage
Au sérieux fut pris par ces pandours.
De Jupiter l’ordre est précis ; n’importe,
À coups de sabre ils tombent sur l’escorte.
L’escorte a peur ; elle crie au secours :
En attendant les coups pleuvent toujours.
L’ange, privé de ses ailes rapides,
À pied s’enfuit ; on houspille les saints ;
Tout se disperse, et déjà les Sylvains
Sur le convoi portent leurs mains avides.