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CHANT II.

Sage insensé ! mais que Dieu lui pardonne,
Si Dieu le peut, cet étrange discours.
Français, croyez tout ce qu’ont cru vos pères
Femmes, aimez ce qu’ont aimé vos mères ;
Croyez, aimez ; et lorsqu’il vous plaira,
Du ciel pour vous la porte s’ouvrira.
Non, arrêtez : la guerre vient d’éclore
Dans ces hauts lieux ; le royaume d’azur
À Jésus-Christ n’appartient pas encore :
On va combattre ; attendre est le plus sûr.
Trop négligés dans leur petit domaine
Les dieux païens subsistaient avec peine :
L’encens manquait. Leurs rivaux plus heureux
Escamotaient les terrestres prières,
Les chants discords, les offrandes, les vœux
Et les parfums là-haut si nécessaires.
Gens affamés n’entendent pas raison.
Peu satisfaits de leur maigre pitance,
Quelques Sylvains d’un appétit glouton
Pleuraient un jour leur première abondance.
Leurs poings fermés, leurs regards menaçans,
Sur les chrétiens se détournaient sans cesse ;