Bien flagellé le héros de la pièce
Était déjà sur la croix étendu.
On choisissait pour ce rôle pénible
Un jeune acteur intelligent, sensible,
Beau, vigoureux, et sachant bien mourir ;
Il était nu des pieds jusqu’à la tête :
Un blanc papier qu’une ficelle arrête
Couvrait pourtant ce que l’on doit couvrir.
Charmante encore après sa pénitence,
La Magdelène au pied de la potence
Versait des pleurs : ses longs cheveux épars,
Son joli sein qui jamais ne repose,
Du crucifix attiraient les regards ;
Il voyait tout, jusqu’au bouton de rose ;
Quelquefois même il voyait au-delà.
Prêt à mourir, cet aspect le troubla.
Il tenait bon ; mais quelle fut sa peine,
Quand le feuillet vint à se soulever !
« Ôtez, dit-il, ôtez la Magdelène,
Ôtez-la donc, le papier va crever.
Soudain il crève ; et la Vierge elle-même
Pour ne pas rire a fait un vain effort.
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LA GUERRE DES DIEUX,