Page:Parny - La guerre des dieux, poème en dix chants, 1808.djvu/55

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
41
CHANT II.

Cueillaient des fruits, avalaient l’onde claire,
Pour tout plaisir dénichaient les oiseaux,
Jetaient du sable ou crachaient sur les eaux,
Bâillaient ensuite, et ne savaient que faire.
Ils se couchaient ensemble, et dormaient bien ;
Ils étaient nus, et ne pensaient à rien.
Le diable arrive : il parlait comme un ange ;
Ève l’écoute, et la pomme elle mange.
Sans ce malheur, qui fut heureux pourtant,
Le genre humain restait dans le néant.
Que dis-je ? heureux ! Le fruit croqué par elle,
Et qui servit à son instruction,
Nous vaut à tous une indigestion
Forte, terrible, et de plus éternelle.
Ce dénouement déplut à Jupiter.
« Monsieur, dit-il, vous faites payer cher
Une reinette. Aux gourmands encor passe ;
Mais à leurs fils qui n’en ont pas goûté !
Dans le néant aller chercher leur race
Pour la damner ! Quelle sévérité ! »
Monsieur répond : « J’ai trop puni les hommes,
J’en conviendrai ; qu’y faire ? Je suis bon ;