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CHANT II.

Le changement à l’homme est nécessaire :
En fait d’erreur il choisit la dernière.
Dieu, le vrai Dieu, l’unique, et l’éternel,
En le créant, lui dit : « Sois immortel.
Je t’ai donné pour loi ta conscience ;
Au bien toujours elle conduit tes pas ;
Elle est ton juge au-delà du trépas ;
Elle punit, pardonne, ou récompense. »
Rien de plus simple ; aussi l’homme trouva
Ce fond trop pâle, et soudain le broda.
Il se fit donc des dieux moins invisibles ;
Moins grands, moins bons, et surtout plus terribles.
Aux sages lois écrites dans son cœur
Il ajouta des notes, des oracles :
Un évangile, et toujours des miracles.
Le seul remords ne fait pas assez peur ;
Il lui fallut des serpens, des furies,
De gros vautours, de hideuses harpies,
Des coups de fouets, de fourches, de hoyaux,
À tour de bras appliqués sur le dos ;
Des lacs brûlans, et sans fonds et sans bornes,
Des cris, des pleurs, des diables, et des cornes,