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CHANT I.

« Qu’attendez-vous ? la séance est finie ;
Voici bientôt l’heure de l’Angelus ;
Allons-nous-en, et ne revenons plus. »
Allons-nous-en, répète le bon père ;
Allons-nous-en, répète aussi Jésus,
Et par un signe il avertit sa mère.
De s’en aller elle eut quelque chagrin.
La nouveauté de ce banquet divin,
Le chant, la danse, et les tendres fleurettes
Qui chatouillaient ses oreilles discrètes,
L’avaient séduite, et son goût se formait.
D’un certain dieu l’audace peu commune
Lui déplut fort ; mais douce et sans rancune,
Au paganisme elle s’accoutumait.
Pendant la route elle en parlait sans cesse.
Le père donc lui dit avec simplesse :
« Ma chère enfant, peut-être que j’ai tort ;
Mais d’Apollon la musique m’endort.
Je n’entends rien à cette mélodie.
Il aurait dû nous donner du plain-chant ;
Cela vaut mieux. Quant à la poésie,
Le Saint-Esprit n’en est pas très-content. »