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LA GUERRE DES DIEUX,

Ta riche croix, tes bannières pesantes,
De tes Stentors les voix retentissantes,
Tes encensoirs, tes choristes fleuris,
Ta mitre d’or et tes mains bénissantes.
On a dans l’ombre exilé ton soleil,
On a brisé de tes cloches fidelles
L’airain sacré si fatal au sommeil,
Tes gros serpens et tes aigres crecelles.
Les tems prédits sont pour nous arrivés,
Voici la fin de ce coupable monde ;
De l’Antechrist la malice profonde
Des justes même a fait des réprouvés.
Pour égarer la française sagesse,
Ce monstre adroit prend de la liberté
Le nom chéri, la voix enchanteresse,
Les traits, le geste, et la mâle beauté.
Sans peine alors il séduit, il entraîne.
Par lui l’Europe a soulevé sa chaîne.
De nos couvens il brise les verroux.
On voit du Christ les amantes pudiques,
De cet hymen rompant les nœuds mystiques,
Leur préférer de palpables époux.