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CHANT X.

Le loup Fenris du beau mouton s’empare.
Assez souvent tu te laisses croquer,
Criait le monstre ; et sous sa dent barbare
Les os divins commençaient à craquer.
Il faut tout dire. Odin, qui sur son siége
Voyait la Vierge immobile de peur,
Vers elle étend une main sacrilége,
Jure par F, et pour comble d’horreur
Il ajoutait : « C’est le droit du vainqueur ;
Et vous cachez en vain, belle Marie,
Ce que vos Saints nomment l’ignominie. »
Voici bien pis. Le père, en pâlissant,
Pour s’échapper de son trône descend ;
Mais Jupiter l’arrêtant par la manche,
Saisit de plus sa barbe longue et blanche.
« N’arrachez pas ! n’arrachez pas, morbleu !
Dit le Pater. Écoutez, je tiens peu
À mon autel, à l’encens qu’on me donne,
Et sans regret je vous les abandonne ;
Mais laissez-moi ma barbe, au nom de Dieu ! »
L’autre sourit, et d’un effort coupable,