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LA GUERRE DES DIEUX,

Et sortent tous, en chantant : Qu’elle est belle !
De la louange on sait que le poison
Est très-actif : cette scène imprévue
De notre sainte enivre la raison.
Pour s’achever, elle porte la vue
Sur des tableaux où la tendre Cypris
Faisait un dieu de son cher Adonis.
Des voluptés la dangereuse image
Trouble ses sens ; une vive rougeur,
Qui n’était plus celle de la pudeur,
A par degrés coloré son visage.
Elle entre alors dans un dernier boudoir,
Où des coussins d’une pourpre éclatante,
Formant un lit, invitaient à s’asseoir.
Elle fait mieux, et s’y couche. Imprudente !
Levant des yeux languissans et distraits,
Avec surprise elle voit ses attraits,
Son attitude et ses graces nouvelles
Multipliés par des miroirs fidelles.
Elle sourit, elle ouvre ses beaux bras,
Ne saisit rien, soupire, et dit tout bas :
« Jeune Panther, objet de ma tendresse,