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CHANT X.

La mer écume et la terre qui fuit
À l’horizon semble déjà noyée ;
En soupirant il lève encor sa main
Pour saluer le rivage lointain,
Et gardera dans son ame attendrie
Un doux regret pour la douce patrie.
Au seul repos je restreins mon bonheur.
Voudriez-vous réveiller dans mon cœur
Des souvenirs que ma raison redoute ?
Voudriez-vous me tenter ? Non, sans doute :
Dictez-moi donc de plus sages accords ;
Laissons en paix les vestales chrétiennes ;
Et, pardonnant à leurs saintes fredaines,
Du sombre Odin repoussons les efforts.
Notre avant-garde occupait la frontière,
Et du matin récitait la prière,
Quand les païens lui tombent sur les bras.
À leur retour on ne s’attendait pas.
Chacun pourtant fait bonne contenance ;
Au pas de charge, on s’ébranle, on avance ;
Mais à l’aspect de ces fiers ennemis,
De ces géans que le nord a vomis,