Page:Parny - La guerre des dieux, poème en dix chants, 1808.djvu/23

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
17
CHANT I.

Elle applaudit, et sa bouche naïve
Laisse échapper deux mots de compliment.
Ce n’est pas tout ; la modeste Marie,
S’appercevant qu’on la trouve jolie,
Qu’avec plaisir Apollon l’écoutait,
Et qu’auprès d’elle en cercle on s’arrêtait,
Par le succès justement enhardie,
Avec esprit aux païens répondait.
Certain motif que sans peine on devine,
La fait sortir : la courrière divine,
Sachant pourquoi, la guide poliment,
Et de Vénus ouvre l’appartement.
Mais soit dessein, soit hasard, la traîtresse
Ferme la porte, et seulette la laisse.
La Vierge sainte à l’aspect imprévu,
À la beauté de ce charmant asile,
Reste long-tems de surprise immobile.
Je le conçois ; elle n’a jamais vu
Que l’atelier obscur et misérable
De son époux, son village, et l’étable,
Où sur la paille elle accoucha d’un dieu.
De sa surprise elle revient un peu,