Page:Parny - La guerre des dieux, poème en dix chants, 1808.djvu/222

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
186
LA GUERRE DES DIEUX,

De ce pays des singes sont les dieux.
De leur laideur je fus d’abord frappé ;
Mais, à leurs traits accoutumant mes yeux,
Je saluai ces confrères étranges,
À leur beauté je donnai des louanges,
Et je finis par leur parler de nous.
Avec sang-froid ils m’écoutèrent tous.
Au dernier mot ils firent deux grimaces,
Une gambade et trois sauts périlleux ;
Puis, reprenant un air majestueux ;
Le plus âgé me dit : « Dans vos disgraces
Aucun de nous ne peut vous secourir.
Nous n’avons pas un instant de loisir.
Dès le matin au temple il faut descendre
Et rester là cloués sur notre autel
Jusques au soir : c’est un ennui mortel.
Par le sommeil nous laissons-nous surprendre,
On nous secoue, on nous force d’entendre
Des oraisons le refrain éternel.
Le dîné vient ; de plats on nous entoure,
Et de bonbons sans pitié l’on nous bourre.
Il faut manger, ou le peuple dévot