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CHANT IX.

La joint, l’arrête ; et forçant sa faiblesse,
Il la viole. Il fallait le punir,
Et de ma nièce au moins venger l’injure.
Le bon Vistnou n’y pouvait consentir ;
Tout châtiment répugne à sa nature.
Je m’en chargeai. Le drôle en ce tems-là
Dressait en l’air cinq têtes bien comptées.
J’en arrache une, et dûment souffletées
Je lui laissai les quatre que voilà.
Si je quittais les Indiens domaines,
Monsieur Brama ferait encor des siennes ;
Vistnou pourrait travailler avec fruit,
Et réparer tout ce que j’ai détruit :
Je reste donc. Mon chagrin est extrême
(Et cet aveu ne doit pas t’étonner)
De ne pouvoir ensemble exterminer
Tes ennemis, tes amis, et toi-même. »
D’un tel discours je ne m’offensai pas ;
Il était juste et dans son caractère.
Je repris donc ma route solitaire ;
Vers le Japon je dirigeai mes pas.
Mon espérance y fut encor trompée.