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CHANT IX.

M’ont fait accueil ; mais ils sont peu guerriers.
Dans un combat quelle faible ressource
Qu’un bœuf Apis, des poireaux, un faucon,
Une cigogne, une chienne, un oignon !
Au Sénégal je trouve une rivière,
Un arbre antique aux rameaux étendus,
Et des serpens de venins dépourvus.
Ces immortels n’étaient pas mon affaire.
Je tourne à gauche, et soudain j’aperçois
Un ridicule et grotesque assemblage
D’objets mêlés sans dessein et sans choix.
D’un peuple noir ils se disent l’ouvrage.
Dans ce pays chaque homme est créateur.
Lorsqu’au matin, d’une main diligente
Ouvrant sa hutte, il reprend son labeur,
Ce qui d’abord à ses yeux se présente
Devient son dieu, son gris-gris, son sauveur,
Durant le jour dans le ciel il le niche ;
La fin du jour est celle du fétiche.
Le lendemain autre opération,
Nouveau gris-gris, même adoration.
Pendant la nuit tout ce peuple est athée,