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CHANT I.

Ces dieux bourgeois, et chuchotaient entre elles.
Impoliment elles tournaient le dos,
Et se moquaient de la brune Marie.
Son embarras, son air de modestie,
Servaient de texte à leurs malins propos.
Qu’une fille au village élevée,
Et dans Paris par le coche arrivée,
À Tivoli, qu’elle ornera si bien,
Vienne montrer sa beauté pure et fraîche,
Son teint vermeil emprunté de la pêche,
Ses traits charmans, et son gauche maintien,
Les connaisseurs l’entourent et la suivent :
Mais à grands bruits nos sultanes arrivent,
Jettent sur elle un coup d’œil méprisant,
Et leur dépit se console en disant :
« Fi donc ! elle est sans grace et sans tournure :
Quel air commun ! quelle sotte coiffure. »
Belle Marie, au Tivoli des cieux,
Ainsi parlaient tes rivales altières.
Mais, n’en déplaise à ces juges sévères,
De grands yeux noirs, doux et voluptueux,
Des yeux voilés par de longues paupières,