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CHANT VIII.

Braves, poltrons, citadins, villageois,
Femmes, enfans, maîtresses, tous arborent
Sur leurs habits la guerroyante croix,
Du signe heureux les fripons se décorent.
Il rompt les fers, absout le malfaiteur,
De ses sermens dégage un débiteur,
Dans l’avenir les péchés il efface,
Au ciel enfin il assure une place
Bonne et brillante, une place d’honneur.
Mais aux Croisés l’argent est nécessaire :
Le riche donc au moine offre sa terre
Pour quelque sous ; et le moine rusé,
Cédant enfin à sa vive prière,
En le volant se dit encor lésé.
Adieu maisons, châteaux, tours et tourelles,
Étangs, forêts, villes et citadelles ;
L’église avide engloutit tout cela,
Mais tout cela devenait inutile.
L’Asie entière, à vaincre si facile,
Leur appartient de droit ; ils auront là,
Non pas des fiefs, mais de vastes provinces
Où de l’Europe ils porteront les lois ;