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CHANT VIII.

Couvert de cendre, aux genoux d’un légat,
De son péché faire amende honorable.
Prêché long-tems, et long-tems prosterné,
Il est absous enfin et ruiné.
Ô de l’Espagne honneur ineffaçable !
C’est là sur-tout que la religion,
Dans ses fureurs, tranquille, inexorable,
Des curieux fixe l’attention.
Des zélateurs ce n’est plus le courage
Armé du glaive et bravant le trépas ;
Ce ne sont plus des guerres, des combats,
Où le danger commande le carnage.
Ici l’on tue avec sérénité ;
Le meurtre y prend un air de majesté.
Du doux Jésus les ministres tranquilles
En longs surplis se rangent sur deux files.
Jugés par eux, de riches Musulmans,
De riches Juifs, leurs femmes, leurs enfans,
Et des chrétiens soupçonnés d’hérésie,
Chargés de fers se traînent à pas lents.
On les enchaîne avec cérémonie,
Sur des bûchers par l’évêque allumés.