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LA GUERRE DES DIEUX,

Quel choix ! quel goût ! ces vers-là sont divins. »
Le beau pigeon, qui sentait l’ironie,
Attribuant son désastre à l’envie,
Dissimula sa haine et son humeur.
Il poussait loin l’amour-propre d’auteur.
Le dîné vint ; exquise était la chère ;
Et l’abstinence, aux chrétiens familière,
Des conviés redoublait l’appétit.
L’on dévorait. La gentille échansonne
Qu’on nomme Hébé, malignement sourit,
Et de nectar à coups pressés l’entonne.
Le doux Jésus, qu’on sollicite en vain,
Honteux, gêné, ne regardant personne,
Croyant de plus que le bon ton ordonne
De peu manger, répond : Je n’ai pas faim.
L’auteur tombé, par esprit de vengeance,
En mangeant bien prend un air dédaigneux,
Et du dégoût affectant l’apparence,
Il semble dire : On pourrait dîner mieux.
Junon, Vénus, et d’autres immortelles,
Qui de leur rang affichaient trop l’orgueil,
Daignaient à peine honorer d’un coup d’œil