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LA GUERRE DES DIEUX,

Au nom du ciel dirigent les fureurs.
Grace à leurs soins, de la théologie
Par-tout s’étend l’inquiète manie.
Ce goût bientôt se change en passion.
Chacun épluche, altère, embrouille, explique
Des livres saints le texte inauthentique.
D’in-folios quelle profusion !
Au sens commun quel déluge d’outrages !
On argumente ; et les autres du nord
Par millions vomissent des sauvages,
Dont la valeur et le subit effort
Sur tout l’empire étendent les ravages.
Mais pour qui donc, insoucians chrétiens,
Aiguisez-vous ces sabres et ces lances ?
Pour qui ces fers, ces bûchers, ces potences ?
Pour les Goths ? Non, pour les seuls Ariens.
Il faut du sang à leur pieuse rage.
Voyez ces murs sous l’herbe ensevelis ;
Voyez ces champs, ces fertiles pays
Livrés au meurtre, aux flammes, au pillage ;
De ces enfans contemplez le carnage :
C’est pour un mot que l’on massacre ainsi.