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LA GUERRE DES DIEUX,

L’Amour chassé s’envole avec colère,
Et va gémir dans les bras de sa mère.
Muni d’un fer qu’il tourne adroitement,
Tel un filou qu’enhardit la nuit sombre,
Avec lenteur, sans bruit, tout doucement,
D’un riche avare ouvre l’appartement,
Écoute, avance, et se glisse dans l’ombre ;
Déjà sa main touche le coffre-fort,
Et va… Jamais l’avarice ne dort ;
Et tout-à-coup dans la chambre voisine
A retenti la sonnette argentine :
Le voleur fuit, abandonnant cet or
Qu’il crut saisir, et qu’il convoite encor.
Ou tel un loup sur la verte prairie
Voit deux agneaux nouvellement sevrés
Mêler leurs jeux, goûter l’herbe fleurie,
En folâtrant du troupeau séparés,
Et du taillis s’approchant par degrés ;
Du bois il sort, et sur eux il s’élance :
Mais aussitôt se montre le berger,
Branlant sa fourche, et que son chien devance :
Le loup surpris se dérobe au danger ;