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CHANT VII.

Ainsi parlant, nos deux anachorètes
Par amitié se tenaient embrassés ;
Par amitié leurs bouches indiscrètes,
Leurs fronts brûlans, et leurs seins oppressés
Se rapprochaient : une ivresse fatale
Dans tous leurs sens allume les desirs ;
Et de Thaïs l’haleine virginale,
Et d’Élinin les innocens soupirs,
Sont confondus : la volupté timide,
Et la langueur, et le baiser humide,
Ouvrent déjà leurs lèvres… Par bonheur
Pour eux, pour moi, pour le sage lecteur,
Un coq chanta : le fracas du tonnerre
N’eût pas produit un effet plus certain.
Ce triple cri leur rappelle soudain
Le renîment du coupable saint Pierre,
Et le remords que porta dans son cœur
Du coq hébreu le chant accusateur.
Sautant du lit, à genoux sur la pierre,
Tous deux au ciel adressant leur prière,
Et prudemment répètent sur leurs fronts
Le signe heureux qui chasse les démons.