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LA GUERRE DES DIEUX,

Veut qu’un dessert couronne leur repas,
Et sous leurs yeux conduit deux tourterelles.
Vous connaissez de ces oiseaux fidèles
Les vifs transports, l’heureux roucoulement,
Leurs jeux, leur grace, et le frémissement
Que les desirs impriment à leurs ailes,
Et leurs baisers si délicats, si doux,
Baisers d’amour, trop imités par nous :
Le marbre même en les voyant s’anime.
Sans y penser, nos ermites naissans
Suivent de l’œil ces oiseaux carressans,
Et par degrés leur abandon exprime
Ce qui pour lors se passe dans leur cœur.
Sans y penser, Thaïs avec langueur,
Sur son ami nonchalemment penchée,
Prend une main qu’elle n’a point cherchée ;
Sans y penser le bras de cet ami
S’étend, se courbe, enveloppe à demi
Un corps charmant qu’avec douceur il presse.
« Bon ! dit le dieu, j’ai vaincu leur sagesse.
Dans un désert avant de s’exiler,
Il faut du moins apprendre à le peupler. »