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LA GUERRE DES DIEUX,

De la pudeur j’approuve les alarmes.
Mais votre voix féminine, et vos cris,
À chaque pas de ce coursier rapide,
Vos pieds mignons de l’étrier sortis,
Et replacés par votre aimable guide,
De votre corps l’équilibre incertain,
Votre embarras, et cette blanche main
Qui se refuse à la flottante bride,
Et de sa selle a saisi le pommeau,
Tout vous trahit, et cet habit nouveau
Aux curieux n’en imposera guère :
Voyagez donc, mais d’une autre manière. »
Après ces mots, il pique du coursier
Le flanc poudreux : moins rapide est la flèche ;
Mais, en partant, sur l’herbe molle et fraîche
Il a jeté son charmant cavalier.
De sa frayeur avec peine remise,
Thaïs se lève, et son ame soumise
Rend grace au ciel qui, prévoyant et bon,
Avait pour elle épaissi le gazon.
Elle s’abuse en tenant ce langage ;
De l’Amour seul ce miracle est l’ouvrage.