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LA GUERRE DES DIEUX,

Son pied s’agite ; et sa débile main
Presse en jouant les lis de votre sein.
Les immortels, instruits de sa naissance,
Pour l’admirer, descendirent des cieux.
Sur lui, sur vous, ils attachaient leurs yeux,
Leurs yeux charmés, et dans un doux silence,
Ils souriaient au plus puissant des dieux.
Mais tout vieillit, ô reine d’Idalie !
L’homme a brisé cet antique tableau,
Qui de Zeuxis illustra le pinceau,
Et dont mes vers sont la faible copie.
Voici l’objet de son culte nouveau :
Un charpentier, et sa moitié fidelle,
Dans une étable au milieu du troupeau,
Un peu de paille, et qui n’est pas nouvelle ;
Sur cette paille, un panier pour berceau ;
Dans ce berceau le fils d’une pucelle,
Près de ce fils, le taureau menaçant,
L’âne qui brait, et le bœuf mugissant ;
Sans oublier trois visages d’ébène,
Des bouts du monde arrivant hors d’haleine,
Pour saluer le taciturne enfant.