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LA GUERRE DES DIEUX,

Baissaient les yeux ; le plus hardi trembla,
Et ses genoux se plièrent d’eux-mêmes.
« Vous le voyez, leur dit l’Olympien,
D’un air content, Jésus ne m’ôte rien ;
J’ai conservé ma puissance première ;
Je règne encore, et malgré les jaloux,
De mon sourcil la force est bien entière.
Modérez donc un imprudent courroux.
Plus sage qu’eux, parlez, belle Minerve ;
Expliquez-vous sans crainte et sans réserve. »
« Vous le savez, l’homme fait les faux dieux
Et les défait au gré de son caprice,
Dit la déesse ; il faut donc dans les cieux
Que Jésus-Christ librement s’établisse.
Point de combats ; notre effort impuissant
Affermirait son empire naissant.
Le mépris seul nous en fera justice. »
De Jupiter c’était aussi l’avis.
Il ordonna qu’on laissât sans obstacle
Les dieux chrétiens placer leur tabernacle,
Et s’arranger dans leur beau paradis.
« Il faut du moins les voir et les connaître,