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CHANT VI.

Des assiégés le courage eût vaincu.
« Parbleu, dit-il, un concert hébraïque
Doit renverser ce rempart odieux.
À moi, tribus ! à moi, prêtres, lévites,
Chefs et soldats, sapeurs Israélites,
De Jéricho vainqueurs harmonieux !
Il dit, on vient, et l’orchestre s’arrange.
Des instrumens quel habile mélange !
Les gros serpens, les violons discords,
Le porte voix, la trompette, les cors,
Le fifre aigus, les cloches, la crecelle,
Et ces cornets qu’à bouquin l’on appelle,
Et les chaudrons que l’on frappe à grands coups.
Les assiégés d’un orchestre si doux
Avec raison redoutent les merveilles,
Et des deux mains ils pressent leurs oreilles.
Ils ont beau faire, ils n’esquiveront pas
De nos archets la sainte mélodie.
D’un sforzando tout-à-coup l’harmonie
Brise et remplit leurs tympans délicats.
Cette musique est pour eux infernale,
Pour nous céleste ; infernale sur-tout