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CHANT VI.

Christophe arrive : un saint amour l’enflamme
Pour Jésus-Christ que son dos a porté.
Le premier donc sur l’échelle il s’élance.
Trente guerriers y grimpent après lui.
Ils se prêtaient un mutuel appui ;
L’on est poussé, l’on pousse, et l’on avance.
Succès trompeur ! déjà notre héros
De sa main large empoignait les créneaux :
Le fougueux Mars rugit à cette vue.
Soudain il court à sa propre statue,
Qui sur le mur en marbre figurait ;
Il la saisit, non sans quelque regret,
Du piédestal son bras nerveux l’arrache ;
En l’élevant par-dessus son panache,
Il s’écriait en riant aux éclats :
« Voyez, amis, je ne m’épargne pas :
Ainsi que moi que chacun s’exécute. »
Notre gros Saint sur l’estomac reçoit
Ce poids énorme, et subite est sa chûte.
L’un après l’autre et l’un sur l’autre on voit
Dégringoler d’une vîtesse extrême
Ses compagnons renversés par lui-même.