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LA GUERRE DES DIEUX,

Sautent dans l’onde ; et l’implacable dieu
Qui les poursuit, change cette onde en feu.
En blasphémant ils gagnent le rivage ;
Dans l’Élysée ils vont se rafraîchir.
L’un présentait au souffle du zéphir
Ses bras rôtis et son rouge visage ;
L’autre s’étend sous un humide ombrage ;
L’autre tout nu se roule sur les fleurs,
Et les dessèche : on entend leur clameurs.
Ces noirs démons dans ce frais paysage
Couraient épars, et des légers ruisseaux
Leur soif ardente allait tarir les eaux.
Soudain le Styx gronde, bouillonne, écume,
Avec fracas s’élève sur ses bords,
Et sous des flots de souffre et de bitume
Il engloutit notre enfer et nos morts.
— Ah ! que je plains ces ombres vertueuses,
De l’Élysée habitantes heureuses !
— Ce changement les damne pour jamais,
Et leurs vertus deviennent des forfaits. »
À ce récit la céleste assemblée
Fut derechef incertaine et troublée.