Page:Parny - La guerre des dieux, poème en dix chants, 1808.djvu/139

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
115
CHANT VI.

Il peut renaître. Une biche prudente,
Dont la vîtesse a lassé le chasseur,
Long-tems après conserve sa frayeur,
Et fuit encor devant la mort absente.
Si l’ange Esral avait à ses soldats
Bien répété ces utiles maximes,
Le ciel honteux n’aurait pas vu leurs crimes,
Et dans l’Olympe ils ne ronfleraient pas.
Les dieux riaient de l’étrange capture,
Et cependant félicitaient l’Amour.
« Hélas ! dit-il, ce triomphe d’un jour
Est incertain, et notre perte est sûre.
Oui, nous perdons Priape et ses vauriens.
Pris sur le fait, de la main des chrétiens
Ils ont gaîment accepté l’eau-bénite.
Ces apostats, bien froqués, bien tondus,
Sont sur la terre, où leur race maudite
Doit féconder la vigne de Jésus. »
Que dites-vous à ces tristes nouvelles,
Pauvres bloqués ? vous prévîtes alors
Que les chrétiens, par le nombre plus forts,
Vous chasseraient des plaines éternelles.