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LA GUERRE DES DIEUX,

Saint Guignolet, le tocsin sonne, aux armes !
Vaine semonce ! il est sourd au tocsin,
Et dit tout haut : « De l’Amour libertin
Et de Bacchus je t’ordonne prêtresse.
De leurs autels fais prospérer la messe ;
Prêche en leur nom ; mais point de longs discours ;
Prêche d’exemple, et prêche tous les jours. »
Vous le savez, frères, chaste est ma lyre ;
Le Saint-Esprit qui me souffle et m’inspire,
Me presse en vain ; je n’ose peindre tout.
Ô Guignolet ! vous n’étiez pas debout.
Mais il soupire, et sa voix affaiblie
Laisse échapper quelques mots languissans :
« Ceci, ma chère, est mon ame et ma vie. »
Aglaure ensuite, en reprenant ses sens,
Répond tout bas : J’aime l’eucharistie.
Pour elle encore Guignolet officie,
Et de baisers fortement appuyés
Couvre son front, et ses mains et ses pieds,
Les pieds sur-tout ; ô parodiste impie !
« Que fais-tu là ? — C’est l’extrême-onction.
Tu dois bientôt descendre sur la terre,