Page:Parny - La guerre des dieux, poème en dix chants, 1808.djvu/129

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
107
CHANT V.

Débarrassés de Moïse et de Blaise,
Nos gens enfin savouraient à leur aise
Des voluptés le poison dangereux,
Et s’en donnaient comme des bienheureux.
Le Carpion, muni d’une bacchante,
Et la flattant d’une voix tremblotante ;
Disait : « Je dois, charmante Théoné,
T’offrir aussi mon frugal déjeûné. »
Elle sourit, et sa lèvre jolie
Dévotement reçoit la blanche hostie.
Mais que dit-elle à ce repas nouveau ?
— « Ce pain est fade. — Eh non, c’est de l’agneau.
Nous autres Saints, nous vivons de mystères ;
Bois, maintenant ; et n’en crois pas tes yeux,
Car ce vin-là… — Le Falerne vaut mieux.
— C’est cependant un Dieu que tu digères.
— Quel conte ! — Un Dieu réel et bien vivant.
Mais ne crains rien : quoique très-succulent,
Il est léger ; aux malades il passe.
— Me voilà Sainte ! — Et Sainte je t’embrasse.
Mons Guignolet s’y prenait autrement ;
Car des pécheurs diverse est la manière.